Introduction
Sources principales :
Bulletin régional du courrier de l’Escaut.[1]Dans son premier numéro daté du 8 novembre 1915, l’éditeur du bulletin explique les raisons de sa parution :
Les journaux tournaisiens ont cessé de paraître au début d’octobre 1914. Le maintien de la région de Tournai dans la zone d’étape[2] de Valenciennes jusqu’en juillet 1915[3] rendait toute publication impossible. Après juillet, l’arrondissement de Tournai étant rattaché au gouvernement général allemand en Belgique, il n’y a plus pour les journaux d’interdiction de paraître. Dès lors, le « Courrier de l’Escaut » cédant aux « sollicitations de très nombreuses personnes » décide de publier le bulletin. Ses buts sont précisés : servir la religion, aider dans la région au développement de la vie sociale, commerciale et industrielle, soutenir les œuvres qui parent aux misères et aux nécessités issues de la guerre et donner satisfaction au besoin de lire et de savoir. Le bulletin paraîtra trois fois par semaine. Les nouvelles de guerre se limiteront à la communication des communiqués officiels des états-majors. L’éditorialiste précise « Nous bornerons à l’enregistrement de ces documents – censurés – nos nouvelles de guerre » Le paragraphe final de l’éditorial est ainsi libellé : « L’administration allemande est un fait dont il serait vain de ne point vouloir tenir compte, mais notre fidélité à la Patrie Belge reste entière. Rien ne saurait l’altérer, et personne d’ailleurs ne nous en demande le sacrifice.
Nous avons opté pour présenter des scans des articles, pour cette source on ne mentionnera donc pas la référence.
Tournai 1914-1918 Chronique d’une ville occupée, édition des souvenirs d’Alexandre Carette Dutoit[4]. Les extraits de cette source seront notés : ACD
Les autres sources sont mentionnées dans le texte.
Chronologie des événements
Le 14 janvier 1915
Dans le rapport du collège échevinal, on lit :
« La commune étant démunie des fonds nécessaires pour secourir les familles dont la guerre a enlevé le soutien, décide de solliciter auprès du comité national de secours et d’alimentation une somme de 2500F »
Le 2 février 1916
Amand Nys appartenait au 12e de ligne. Ce régiment était cantonné à Liège depuis 25 ans et fut chargé de participer à la défense de la position fortifiée de la ville. C’est à cette occasion qu’Amand Nys fut fait prisonnier le 7 août 1914 et envoyé en Allemagne à Soltau situé à 80 km d’Hanovre. C’était le plus important camp de prisonniers de la guerre 14-18 en Allemagne. Plus de 70000 militaires y étaient détenus. Amand Nys a, ensuite, exercé le métier de menuisier, le couple a eu cinq enfants nés à Orcq. Il est décédé le 4 mai 1969 à Orcq.
Des internés en Hollande nous avons quelques informations concernant Louis Ghisse. Il faisait partie de la classe 1905, les classes les plus anciennes étaient enrôlées pour la défense des forts. Appartenant au 3e chasseurs à pied de forteresse il fut affecté à la défense d’Anvers qui capitula le 10 octobre. Voici ce qu’il décrit de la suite de cette capitulation: « Après avoir patrouillé aux environs de Saint-Nicolas afin de favoriser la retraite de l’armée en campagne, j’ai continué la retraite avec mon unité et passé la frontière hollandaise à Koewacht le 10 octobre 1914, la patrouille était commandée par le sergent Joassin. » Il a ensuite été interné jusqu’à la fin de la guerre au camp hollandais de Zeist (Camp II baraque 10).
Il a fait partie de l’Association des combattants de 14 18 d’Orcq. Il est décédé à Tournai le 3 mars.
À propos des internés de Hollande, on peut rappeler quelques détails de cet épisode de la guerre.
Durant la première phase de la guerre de mouvement soit du 2 août au 31 octobre 1914, l’armée belge tenta de défendre Liège tombée le 16 août et ensuite Anvers qui tomba le 10 octobre, après quoi l’armée se replia sur l’Yser où le front se stabilisa le 31 octobre après la bataille du même nom. La déferlante allemande numériquement supérieure fut telle que de nombreux combattants belges furent faits prisonniers et envoyés en Allemagne durant cette première phase. Après la chute d’Anvers, environ 40000 militaires belges fuirent en Hollande plutôt que de se laisser capturer par les Allemands. S’il y eut des fuites assimilables à des désertions, la grande majorité de ces militaires n’avait pas d’alternative. La Hollande étant un pays neutre elle créa des camps d’internement pour ces combattants dont les plus connus sont ceux d’Amersfoort, Harderwijk et Zeist. Des 40000 militaires réfugiés en Hollande, 7000 se sont échappés pour rejoindre le front. Les autres furent internés dans des camps de tentes, au début, de baraquements plus tard. Au début les baraquements n’étaient pas chauffés et les conditions d’internement très strictes au point qu’une révolte eut lieu à Harderwijk où neuf Belges furent tués par balle lors de la répression de l’autorité hollandaise. Ces combattants, tant prisonniers en Allemagne qu’internés en Hollande ont longtemps été les victimes de quolibets de civils qui étaient restés tranquillement chez eux durant la guerre, et ont dû se battre avec l’autorité militaire pour faire reconnaître leur bonne foi. Grâce à des études historiques plus récentes, on a pu prouver que la plupart d’entre eux n’avaient pas démérité.
Le 11 février 1916
Maurice Ponthieu était secrétaire communal d’Orcq, régisseur des biens de la famille Crombez et il avait été instituteur d’Orcq de 1881 à 1898. Le trésorier du comité d’aide est Charles Comblez et non Cromblez.
Louis Taquet était soldat de la classe 1907 et appartenait au 3e chasseurs à pied, il est mort à Breendonk (et non Breudouckx) le 4 septembre 1914, soit un mois après le début des hostilités. Il a d’abord été inhumé au cimetière de Willebroek pour être ensuite rapatrié à Orcq en juin 1922 et être inhumé à Orcq après des funérailles qui rassemblèrent une grande foule. Louis Taquet et son épouse Léa Mazurelle avaient trois enfants, dont une fille naquit le 21 octobre 1914 après son décès et un garçon Louis Dominique qui fut instituteur à Orcq entre les années trente et septante, et prisonnier de guerre 40 45.
L’œuvre de Mademoiselle Orianne : Jeanne Orianne (1865-1951) fonde au début de la guerre, l’Œuvre pour l’exhumation et l’identification des soldats belges. Cette œuvre est probablement créée, après les combats d’ Impde (24 août), la bataille de Londerzeel (29 septembre) et la retraite jusqu’au fort de Breendonk, en septembre 1914. Elle poursuivra son activité jusqu’en mars 1916 lorsqu’elle sera emprisonnée par l’occupant pour des raisons obscures. Durant ces 18 mois d’activité, elle fera enterrer 3000 soldats. Elle poursuivra son activité après la guerre.
3 mars 1916
Confirmation de la nouvelle du décès de Louis Taquet insérée dans l’édition du 11 février.
16 mars 1916
Léopold Moyart est le cousin germain de Louis Taquet (et non Tacquet). Nous avons parlé plus haut d’Amand Nys (et non Armand) prisonnier à Soltau.
Printemps 1916 (ACD)
Dans leurs manœuvres ou exercices, les troupes, en avril, foulèrent aux pieds les récoltes dans les environs, à Rumes et à Mont-Saint-Aubert notamment ; les champs d’aviation firent d’autres importants ravages à Ramegnies-Chin, Orcq et Marquain.
C’est la première mention d’un aérodrome à Orcq. Cependant le rapport du conseil communal d’Orcq du 8 janvier 1918 mentionne qu’Orcq est devenu le siège d’un champ d’aviation depuis mars 1917 seulement. Nous avons pu retrouver, sur internet, une photo anglaise datant du 14 janvier 1919 représentant un hangar à avions construit à Orcq par les Allemands. Selon plusieurs recoupements ce hangar se trouvait au quartier de la Barrière, soit juste à l’entrée d’Orcq en venant de Tournai. La plaine d’aviation se trouvait entre le chemin des Peupliers et le Rieu d’Orcq.
La photo des archives anglaises (The national Archives) sur internet était munie d’un filigrane, elle a néanmoins pu être reproduite en restant très fidèle à l’original. La légende mentionne : 14 1 1919, German hangar, Orcq aérodrome.
Toute la zone allant d’ Orcq à Froyennes était interdite au public. De nombreux arbres avaient été coupés et le bois de l’hospice (sur Froyennes) entièrement rasé. La ferme Delneste au bout de l’allée des Patriotes fut réquisitionnée par les Allemands et tout le quartier fut évacué. La troupe logeait à la ferme et les officiers au château Crombez.[5] Deux hangars pour avions furent construits à proximité de la ferme et deux autres au-delà de la chaussée de Lille sur les terres Hennequin.[6] Les Allemands effectuaient les tirs de réglage de leurs mitrailleuses sur une butte qu’on peut encore apercevoir sur une prairie juste derrière la propriété de la Marmite.[7]
Une récente vente d’une photo aérienne allemande sur eBay, nous a permis de délimiter cet aérodrome à l’est d’Orcq. Sur cette photo datant du 25 septembre 1917, les limites du champ sont surlignées en rouge.
Report sur carte Google Earth 2007 de la photo allemande. Les limites du terrain sont représentées en jaune. Le document original porte quelques renseignements supplémentaires :
À l’endroit marqué par une étoile, un phare de localisation rouge était allumé dès que les responsables de l’aérodrome recevaient un appel téléphonique annonçant l’arrivée d’un avion.
Le champ a été parfaitement nivelé et les chemins qui le traversent sont au même niveau que les parcelles de façon à permettre des manoeuvres aisées.
Le 17 mars 1916
Environ 80 personnes participent à la souscription. Le montant le plus élevé qui est de 50 francs, représente environ 125 euros actuels est donné par le bourgmestre Jules Ghislain. Les Crombez, habituels bienfaiteurs des démunis qui ont dû quitter le village, leur château ayant été réquisitionné, ne se trouvent pas sur la liste. Plusieurs associations ont également contribué : le corps des volontaires pompiers, la société de secours mutuels, la société de jeu de boules et la société des arbalétriers. Le résultat global de la souscription est d’environ mille euros.
Le 11 avril 1916
Naissance de Léonie Luc : c’est à notre connaissance, une des deux seules Orcquoises (voir aussi 26 12 1917) nées pendant la guerre encore en vie actuellement. Elle a été institutrice maternelle à Orcq pendant une vingtaine d’années et une cheville ouvrière de l’amicale locale des retraités : « Les cheveux d’Argent »
Le 24 mai 1916
Le 26 juin 1916
En ces temps difficiles, les vols alimentaires se multiplient.
Le 24 juillet 1916
Léon Degand dont le nom figure sur le monument aux morts d’Orcq, né à Orcq le 28 6 1893 était le fils de Léon et Sidonie Tricot, célibataire. Il était de la classe 1913 et était de ce fait rentré en service actif le 16 septembre 1913. Il appartenait au régiment du 3e chasseurs à pied. Il est mort au combat à Dixmude (bruggenhoofd) le 14 juin 1915, il est vraisemblable qu’il soit tombé lors de la défense de la tête de pont de Beerst Bloote comme le laisse supposer son dossier « bruggenhoofd » signifiant – tête de pont. Il a été enterré initialement au cimetière militaire de Kaaskerke.
Le nom de Maurice Destrebecq figure également sur le monument aux morts du village. Il est né à Marquain le 30 juin 1892. Il était le fils de Jules Destrebecq et d’Aimée Vantuyne. Il appartenait au 1er régiment de grenadiers, soldat de 2è classe 1912. Le régiment des grenadiers avait été fortement décimé au cours de la bataille de l’Yser. Il avait été reconstitué en 4 bataillons grâce aux recrues, aux volontaires et aux blessés guéris, c’est sous cette forme qu’il releva les Français aux tranchées de Steenstraat de mars à juillet 1915, Maurice Destrebecq est mort durant cette période le 9 avril 1915 (date reprise dans le dossier militaire) à Zuidschote (et non Ziedschotte). C’est dans ce secteur que les grenadiers subirent, le 22 avril, la première attaque allemande par les gaz asphyxiants.
Le 4 août 1916
Compte-rendu de l’obit célébré en l’honneur de Léon Degand à Orcq le lundi 31 juillet 1918.
Le 11 août 1916
Son nom figure sur le monument aux morts d’Orcq. Il appartenait, comme Maurice Destrebecq au 1er régiment des grenadiers, et comme lui est tombé à Zuidschote, mais un mois plus tôt. Il était le fils de Julia Parent.
Le 18 août 1916
Le premier septembre 1916
Le 15 mai 1917
Par l’avis[9] 10981 de l’ « Etappen Kommandantur » de Tournai du 5 mai, les paquets à destination des « ouvriers civils »[10] d’Orcq pourront être déposés entre 9 heures et 12 heures. Cet avis comporte une annexe mettant en garde les déposants. L’envoi d’argent, l’adjonction de communications écrites ou d’objets fragiles est strictement interdite et peut faire l’objet d’amendes pouvant atteindre 10000 marks. Ce n’est que l’une des nombreuses contraintes que les habitants du village durent subir pendant les quatre années d’occupation.
Le 3 juillet 1917
Encore des vols alimentaires…
Le 25 juillet 1917 (ACD)
Dans la nuit, des bombes étant tombées dans le parc de Mr Crombez à Orcq, où étaient installés des abris pour avions allemands et des tentes pour aviateurs, ceux-ci ont fui sans essayer d’attaquer leurs adversaires.
Août 1917 (ACD)
À Orcq (sans doute en août) on fit couper 40 à 45 ha de moisson et cette aire considérable fut convertie en champ d’aviation.
Les chutes de bombes deviennent fréquentes. Il en tombe notamment dans le parc de Mr Crombez à Orcq fin août.
Septembre 1917
L’abbé Dupire curé d’Orcq, dans un rapport écrit en 1919 sur la situation de la paroisse durant la guerre décrit des ennuis causés par les Allemands à la famille du bourgmestre d’Orcq :
« Poursuites judiciaires M. Ghislain, bourgmestre, voulut, un matin, faire disparaître par le feu un amas de mauvaises herbes sur un champ. Le feu couva toute la journée ; vers le soir, un vent violent l’activa et fit jaillir des flammes. Ce même soir des avions alliés vinrent jeter des bombes sur le champ d’aviation des Allemands. M. Ghislain fut de ce fait accusé d’avoir donné un signal aux alliés ; il fut arrêté ainsi que ses trois fils, et tous quatre furent expulsés du village avec défense d’y entrer. Un peu plus tard, les Allemands reconnurent leur innocence, ce qui ne les empêcha pas de maintenir l’arrêt d’expulsion pendant 4 mois (sept. Oct. Nov. Et déc. 1917) »[11]
Cette vigilance allemande peut s’expliquer par la proximité du champ d’aviation.
Le 21 octobre 1917
Le conseil communal décide de faire un emprunt de 80000 francs pour faire face aux réquisitions pour le logement des troupes de l’armée d’occupation.
Le 26 décembre 1917
Naissance de Marie Louise Ponthieu : c’est à notre connaissance, une des deux seules Orcquoises (voir aussi 11 4 1916) nées pendant la guerre encore en vie actuellement.
Du 20 octobre au 8 novembre 1918
L’offensive finale des Armées alliées laissera des traces à Orcq. L’opiniâtreté des Allemands à défendre l’Escaut, fera que le front passera par le village entre le 20 octobre et le 8 novembre, date à laquelle les Allemands quittent Tournai. C’est la 74e division britannique des « Fife and Forfar Yeomanry » de la cinquième armée britannique qui mènera les opérations à Orcq.[12]
Le 20 octobre 1918
Une patrouille anglaise du « King’s Edward Horse » rencontre les Allemands à Marquain, un des leurs est tué et un blessé. Le soir l’infanterie anglaise tient Marquain.
Le même jour les soldats du régiment « Somerset light infantry » essaient de progresser vers Orcq et attaquent au crépuscule. Le village est vigoureusement défendu par les Allemands armés de mitrailleuses derrière des barbelés. L’avance des Anglais est minime.
Le 21 octobre 1918
Décès du soldat G. W. Hill (16)[13] du régiment « Somerset light infantry ». Ce militaire et ceux dont les noms suivent ayant été inhumés au cimetière d’Orcq, on peut présumer qu’ils sont décédés sur le territoire de la commune.
Les Allemands incendient le moulin Lagache non loin d’Orcq. Les Anglais sont au Trieu du Loquet à Froyennes, à Marquain, Pic au vent, Ere, et leurs obus poursuivent dans Orcq, Froyennes, Allain, Rumillies et Warchin de nombreuses batteries qui s’y cachent (D’après le communiqué particulier à la division allemande défendant Tournai, à la date du 21 octobre. [14]
Le 22 octobre 1918
Décès des soldats William Gordon Williams (14) 19 ans et Henry Malpass (15) du régiment « Somerset light infantry »
Le 23 octobre 1918
Une compagnie du régiment des « Black Watch » qui a succédé aux « Somerset » teste l’ennemi et gagne du terrain, mais en face de l’opiniâtreté des Allemands est obligée de se retirer. Huit militaires anglais sont tués : le second lieutenant Frederick Kenneth Cumming (2) 18 ans, Thomas Cockburn (3), le soldat de seconde classe (lance corporal) Richard Izatt (1) 35 ans, les soldats Thomas Waller (4), Thomas R. Bartie (5) 33 ans, John Barber (6) 21 ans, Edward Sowerby (7) 25 ans et Andrew Webb (8) 22 ans. Les blessés sont au nombre de 28.
Le 23 octobre 1918 (ACD)
Le 23 octobre 1918 les Anglais ont pénétré par le faubourg de Lille jusqu’à la plaine des manœuvres. Malheureusement le feu des mitrailleuses les force à reculer. Les Anglais occupent le château d’Orcq à demi détruit.
Si l’on en croit cette source l’attaque des « Black Watch », les aurait menés jusqu’aux portes de Tournai pour ensuite se replier sur le village. Un historien local[15] faisant autorité dans cette matière affirme cependant qu’il est impossible que les Anglais aient fait une percée jusque la plaine des manœuvres de Tournai dès le 23 octobre.
On sait aussi que les Crombez, propriétaires de la Marlière, en rentrant chez eux après la guerre, ont trouvé un château dont il ne restait que les murs extérieurs. Miné par les Allemands, l’édifice avait explosé lors de l’offensive finale à une date non précisée. Ce témoignage laisse présumer que cette destruction a dû avoir lieu le 23 octobre ou dans les jours précédents.
Militaires allemands photographiés dans le parc de la Marlière[16]. A l’arrière-plan, la façade avant du Château Crombez.[17] Le deuxième personnage à partir de la droite ressemble, à s’y méprendre, au « Baron rouge », Manfred Von Richthofen, le pilote aux 80 victoires. Le premier à partir de la droite pourrait être un autre as allemand, Erich Löwenhardt. Ces informations sont écrites au conditionnel et si un lecteur peut nous en dire plus, c’est avec plaisir que nous recevrions ses commentaires.
Le 24 octobre 1918
Dans le rapport de l’abbé Dupire (voir septembre 1917), on peut lire :
« L’évacuation complète du village fut faite le 24 octobre par ordre des autorités britanniques en vue du bombardement qu’on allait essuyer et dont le village a vraiment beaucoup souffert. »
Il écrit aussi :
« Le territoire de la commune referme un parc assez grand dont les replis de terrain et les broussailles se prêtent à cacher des groupes de tirailleurs et de mitrailleuses ; les Allemands les mirent à profit fin octobre et commencement de novembre 1918. »
Deux soldats de l’artillerie de campagne britannique de la « Royal Airfield Artillery » sont tués : le bombardier Henry Baybrook Tucker (12) 24 ans et le fusiller Charles Alfred Christenson (13) 20 ans.
Le 25 octobre 1918
Les canons anglais positionnés à Orcq, tirent des obus sur le clocher de la chapelle de l’hôpital civil pour déloger les vigies allemandes qui s’y trouvent.[18]
Le 26 octobre 1918
Naissance à Lamain de Julien Luc. En soi cette naissance peut paraître anodine, mais ses parents Jules et Clémence Ghislain sont agriculteurs à Orcq qu’ils ont dû évacuer.
28 octobre 1918
Le soldat Albert Simpkins (11) du régiment des « Buffs (East Kent) » qui ont succédé aux « Black Watch » dès le 24 octobre, est tué.
Le 29 octobre 1918
Le soldat Thomas Henry Edwin Browne (10) 28 ans, du même régiment est tué.
Le 30 octobre 1918
La 103e escadrille britannique, basée à Ronchain et menée par le capitaine Dodds attaque des objectifs situés à Orcq.
L’artillerie anglaise située à Orcq et Froyennes tire sur les nids de canons allemands situés à Allain et Chercq.[19]
Le 6 novembre 1918
Le soldat Owen Davies (9) 33 ans, du régiment des « Welsh » est tué. C’est son régiment qui sera le premier à rentrer à Tournai le 8 novembre pour libérer la ville après plus de quatre années d’occupation allemande.
La photo ci-dessous montre la disposition des tombes britanniques au cimetière d’Orcq. De 1 à 8 se trouvent les tombes des « Black Watch ». La tombe N° 1 est celle de Richard Izatt, mise un peu à l’écart on ne sait pour quelle raison. Les tombes 2 à 8 sont celles des autres militaires du régiment tombés tous le 23 octobre. Le fait que les pierres soient accolées est très symbolique de la mort qui les a unis au même moment.
Orcq est ainsi libéré 3 jours avant l’Armistice. Le bilan est lourd : sur environ 600 habitants, 7 sont morts au combat, 6 en déportation[20] et 26 sont revenus vivants après 4 années de souffrance. L’offensive finale a fauché 16 soldats alliés, Anglais, Ecossais et Gallois qui reposent au cimetière et laissé aussi de nombreux blessés ainsi qu’un nombre considérable de victimes allemandes.
Du côté matériel, trois fermes ont été détruites à la Barrière ainsi que le château de la Marlière.
Nous réunissons actuellement des informations sur les victimes britanniques de l’offensive finale. Pour autant que nos recherches soient fructueuses, les résultats seront publiés sur ce blog ultérieurement.
L’insigne des « Black Watch » tel qu’il apparaît sur les tombes 1 à 8 du cimetière. Au-dessus on peut lire la devise du régiment : « Nemo me impune lacessit » « Nul ne me provoquera impunément ». Au centre est représenté Saint André, patron de l’Ecosse et la croix de son martyre.
[1] Collection Robert Trifin, qui a autorisé les Archives de l’Etat à Tournai de scanner sa collection qui y est désormais consultable
[2] La zone d’étape s’étendait jusqu’ environ 50 km du front, l’administration y était assurée par l’armée.
[3] Revue Ligne 4 N°2 novembre 2002 : le Tournaisis redeviendra zone d’étape en septembre 1916.
[4] J. DELROT a repris cette chronique dans les tomes VI (1989), VII (1992) et IX (1997) des « Mémoires de la Société Royale d’Histoire et d’Archéologie de Tournai)
[5] À la Marlière qui deviendra plus tard propriété de la famille Horlait et actuellement de la famille Letartre
[6] Henri Degallaix grand-père de Jean Degallaix qui exploite la ferme à la Barrière d’Orcq, avait épousé Anna Hennequin
[7] D. VAN DEN BROUCKE, Regards sur la guerre aérienne en Hainaut occidental, N° 2 1997
[9] Documentation R. Trifin
[10] C’est ainsi que les occupants désignent les déportés et les prisonniers civils.
[11] Archives de la cathédrale de Tournai
[12] C. H. DUDLEY WARD, The 74th Yeomanry division in Syria and France, John Murray, Londres 1922
D. D. OGILVY, The Fife and Forfar Yeomanry, John Murray, Londres 1921
[13] Le numéro entre parenthèses qui suit les noms des militaires anglais tués à Orcq correspond au numéro de leur tombe au cimetière du village – voir photo en fin d’article.
[14] Ouvrage collectif, A la gloire des Tournaisiens morts pour la patrie 1914-1918, Lucq et Delcourt Vasseur, Tournai 1923 p. 67
[15] J. DECEUNINCK auteurs de nombreux ouvrages sur l’histoire militaire du Tournaisis
[16] Photo aimablement fournie par Jean Cambier.
[17] Photo aimablement fournie par Jacques Descarpentry.
[18] Ouvrage collectif, A la gloire des Tournaisiens morts pour la patrie 1914-1918, Lucq et Delcourt Vasseur, Tournai 1923 p. 70
[19] Ouvrage collectif, A la gloire des Tournaisiens morts pour la patrie 1914-1918 , Lucq et Delcourt Vasseur, Tournai 1923 p. 71
[20] B. DEMAIRE, Combattants orcquois de la guerre 1914-1918, http://marottesderetraites.skynetblogs.be/g4-combattants-… , onglet Gd.