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détection de métaux-Mitraille et trésors, la passion de Christian D’Heygere

Résurrection : c’est en ces termes que Christian D’Heygere parle de ces (ou ses) objets qu’il fait revivre et qui, sans lui, armé de son détecteur de métaux, seraient perdus à jamais.

Qu’on ne se méprenne pas, il n’est animé par aucun aspect mercantile. Muni de sa carte de l’agence wallonne du patrimoine et de l’autorisation des propriétaires des champs qu’il prospecte il agit dans le respect des lois. Aucune pièce n’est jamais vendue et il entretient avec les amateurs d’histoire locale des relations étroites en mettant ses pièces à leur disposition comme nous pourrons le voir plus loin.

Si son lieu de prospection favori est l’ouest de Tournai, il se déplace parfois beaucoup plus loin. La taille des objets est aussi très variable. C’est ainsi qu’à côté de petits boutons d’uniformes militaires nous avons pu observer un canon de mitrailleuse américaine .50 trouvé en Normandie dans le champ d’un agriculteur d’origine belge où une compagnie américaine avait installé un bivouac le 13 juin 1944.

Parmi les objets de taille plus importante découverts, on rangera les boulets de canon.

La photo montre une sélection de sa collection ; en haut boulet de 6 kg trouvé près de Blandain, en dessous de gauche à droite un boulet trouvé à Orcq et trois à Tournai dont un aplati suite à un impact. Le dernier de 2 kg a été sorti de l’Escaut.

Souvenir de 14-18 à Orcq

En octobre 2018, les habitants d’Orcq ont rendu hommage aux militaires britanniques ayant délivré le village cent ans plus tôt. Entre le 20 octobre et le 8 novembre 1918 le front s’était stabilisé à la limite d’Orcq et Tournai. Christian et son ami Stéphane Berton ont dès lors proposé leur concours afin d’essayer de trouver des traces de ce combat. Leur prospection a dépassé leur attente. En même temps ils ont pu mettre à jour des éléments très intéressants venant de temps beaucoup plus anciens. Nous allons essayer par l’image de partager ces découvertes.

C’est le régiment écossais des Royal Highlanders ou Black Watch qui à Orcq a payé le plus lourd tribut en vies humaines avec 7 tués le 23 octobre.

L’insigne de béret, la contre plaque nominative et sa pièce de feutre protectrice ainsi que l’épingle du soldat John Barber inhumé à Orcq

Objets ayant appartenu au lieutenant des Black Watch Fred Cumming

On peut supposer que cet insigne argenté contrairement à celui de John Barber a appartenu à un officier et Fred Cumming est le seul officier de ce régiment ayant été tué à Orcq.

Près de l’insigne de béret, on a trouvé un petit réticule d’argent contenant des pièces de monnaie de Singapour et d’Australie. Fred Cumming étant né à Singapour d’une mère australienne il ne fait pas de doute que ces objets lui appartenaient. De même on a trouvé une plaque de malle nominative au nom de Fred Cumming.

Tous ces objets ont été remis le 9 novembre 2019 aux familles Barber et Cumming, cette dernière ayant décidé de les déposer au musée des Black Watch à Perth.

Photo prise le 9 11 2019 à l’occasion de la remise des objets aux familles. À l’extrême gauche Stéphane Berton et à côté de lui Christian D’Heygere.

Plusieurs boutons ont aussi été trouvés dont celui représenté sur la photo ci-dessus est doré et était cousu sur un uniforme d’officier (Fred Cumming ?) ainsi qu’une boucle de ceinturon.

Insigne tordu des Buffs
Insigne des artilleurs

Un insigne de béret du régiment des Buffs a également été trouvé dans la propriété de la Marlière. Ce régiment était en première ligne à Orcq du 25 au 28 octobre jour du décès d’Albert Simpkins soldat du régiment des Buffs. Le 28 octobre c’est Thomas Browne du même régiment qui décède. Ces deux soldats sont également enterrés à Orcq. Deux insignes de béret d’artilleur ont également été trouvés – photo ci-dessus à droite.

Près des objets appartenant à Cumming et Barber, Christian a aussi découvert une partie d’un objet plus conséquent représentant une tête d’homme d’inspiration romane. Il est impossible de dire si cet objet appartenait à un militaire britannique ou s’il se trouvait là depuis beaucoup plus longtemps.

Le siège de Tournai de 1745

Ces quatre balles de mousquet apparemment semblables ne le sont pas et c’est justement leur différence qui fait leur intérêt. Elles ont été trouvées à l’endroit situé à l’ouest de Tournai où la nuit du 3 au 4 mai 1745 la garnison hollandaise assiégée par les Français a fait une sortie afin de détruire les ouvrages et batteries ennemis.

L’origine des balles a pu être déterminée en les pesant. En haut deux balles hollandaises de 31 g. en bas deux françaises de 27 g.

Cette découverte a fait l’objet d’un article écrit par Alain Tripnaux dans la revue « Le Tricorne » (février-mars-avril-mai 2021) dont il est le président.

L’ouest de Tournai

Habitant Orcq, Christian a tout naturellement prospecté autour de chez lui. Voici quelques objets intéressants fruits de ses recherches.

Matrices de sceaux.

Ces pièces datent du moyen-âge aux environs du XIVe siècle. Les photos sont présentées en mode « miroir horizontal » de façon à en faciliter la lecture. L’absence de figuration des couleurs (émaux) par la trame habituelle empêche une description précise.

Le nom repris sur la légende est sr (seigneur) jehan delle mon[e]ta ???

La bande qui traverse l’écu en diagonale est chargée de trois aiguières posées l’une au-dessus de l’autre dans le sens de la bande.

Le blasonnement de cet écu est le suivant : de ??? à une bande de ??? chargée de trois aiguières de ??? posées dans le sens de la bande, accompagnée en chef d’une étoile de ??? à cinq rais.

Une dame présente deux écus, qui pourraient être celui de son mari à gauche et celui de son père à droite. Celui de gauche est très singulier, car il nous montre une double « brisure » : une cotice (bande diagonale de faible largeur) chargée d’un lambel à trois pendants. Sous ces brisures, l’écu est chargé d’un écusson en cœur. Cela peut évoquer les armes de la famille de Wavrin, qui portait, en armes pleines, d’azur à un écusson d’argent. L’écu de droite peut se blasonner ainsi : de ??? à une fasce de ??? chargée de trois besants (ou tourteaux ?) de ???.

Blason du mari

Matrice armoriée, avec légende en latin :

sigillum eust (Eustache ?)

L’écu comporte en son centre un motif complexe de type floral, accompagné de trois cœurs, deux en chef (on voit très bien celui de senestre [droite]) et un en pointe (que l’on devine).

Sceau cassé : Il était d’usage de casser un sceau après le décès de son propriétaire.

Dessin approximatif du blason

Méreaux

Le méreau est une sorte de « bon-pour », un signe de reconnaissance ou encore, un laissez-passer qui prend la forme la plus commune d’un jeton en métal (définition Wikipédia)

Méreau de l’office du réfectoire de la cathédrale de Tournai : au droit, la Vierge couronnée à l’Enfant, dans un cercle de grènetis doublé d’une guirlande ; au revers, OFFIC / REFECTO / ECCLE•TOR / NACEN / 1580.Ces méreaux étaient employés dans le domaine ecclésiastique à partir du XIIIe siècle comme jeton de présence des chanoines aux offices et donnaient droit à un repas ou à une portion de pain, ces derniers pouvaient ensuite en faire profiter les pauvres.

Diamètre 20 mm

Ce méreau en bronze de 25 mm de côté est plus difficile à interpréter. Il comporte trois coquilles Saint-Jacques.

Clés de montres à gousset

Ces deux clés sont appelées clés à rébus. Elles datent du XVIIIe siècle.  Elles mesurent environ 27 mm de long.

Rébus de la première face: L Elle en chaîne les coeurs, de la seconde face: L est 100 sans D dé tour

Rébus de la première face : L elle C s’est Cygne sign ALLE signalé, de la seconde face : En A mour

Pieds de lampe en bronze

Pieds de chandeliers zoomorphes, de 30 à 40 mm de long, en bronze ou laiton du début du XVIe siècle. Ce sont des éléments perdus qui se détachaient facilement. Ce type de chandelier était très répandu aux XVe XVIe siècle.

Clé en bronze

Cette clé en bronze a été trouvée, près d’un endroit où on a aussi trouvé d’innombrables tessons de tuiles romaines.

Terminons ce petit aperçu de la collection d’objets de Christian par un souvenir plus récent de la vie culturelle tournaisienne : un concours de chant organisé à Tournai du 10 au 17 juillet 1985 à l’occasion d’un festival musical.

Nous tenons à remercier MM Louis Donat Casterman, Ludovic Nys et Alain Tripnaux pour leur aide précieuse indispensable au commentaire des différentes pièces.